À la découverte des fjords méditerranéens : un trésor de biodiversité qui m’a bouleversé
Saviez-vous qu’il existait des fjords en Méditerranée ? Non, vous n’êtes pas le seul ! J’ai eu exactement la même réaction. Pendant des années, j’ai associé les fjords uniquement à la Norvège, avec ses paysages vertigineux et ses eaux glaciales. Puis un jour, lors d’une conversation avec un pêcheur marseillais, tout a basculé.
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« Tu devrais voir nos calanques, petit. C’est comme des fjords, mais avec du soleil en plus, » m’avait-il lancé en réparant ses filets.
Sur le moment, j’ai souri poliment, pensant qu’il exagérait. Les fjords en Méditerranée ? Allons donc ! Et pourtant… Ce vieil homme barbu avait raison. Quelques jours plus tard, je me retrouvais sur un sentier rocailleux, bouche bée devant une immense faille calcaire où s’engouffrait une mer d’un bleu impossible.
Quand j’étais gamin, je dévorais les livres d’aventures nordiques. Je rêvais d’explorer ces grandes entailles glaciaires un jour. Jamais je n’aurais imaginé retrouver cette sensation si près de chez moi, sous un soleil de plomb, à quelques kilomètres de plages bondées de touristes en maillot. C’est ce contraste qui m’a d’abord fasciné.
Mais ce qui m’a vraiment bouleversé, c’est ce qui se cachait dans ces eaux cristallines. Une biodiversité incroyable, fragile, surprenante… qui mérite qu’on la raconte. Alors embarquez avec moi pour cette découverte qui a changé ma façon de voir la Méditerranée.
Les fjords méditerranéens, c’est quoi au juste ?
Bon, soyons clairs dès le départ : techniquement, ce ne sont pas des fjords. Les vrais fjords sont formés par des glaciers qui creusent des vallées profondes, ensuite envahies par la mer. En Méditerranée, le processus est différent – c’est l’érosion du calcaire par l’eau douce et l’action de la mer qui façonne ces paysages spectaculaires.
Les calanques françaises sont probablement les plus connues. Ces vallées étroites et profondes, bordées de falaises blanches vertigineuses plongeant dans une mer turquoise… La première fois que j’ai vu la calanque d’En-Vau près de Marseille, j’ai eu un moment de stupeur. Je me souviens avoir pensé : « C’est vraiment la France, ça ? »
En Espagne, ce sont les rias qui dominent, notamment en Galice. Lors d’un voyage il y a quelques années, j’ai exploré les Rías Baixas sous une pluie battante (forcément, c’est la Galice…). Même sous ce ciel gris, ces anciennes vallées fluviales envahies par la mer dégageaient une beauté mélancolique que je n’ai pas oubliée.
Et puis il y a les Bouches de Kotor au Monténégro, que certains appellent le « fjord le plus méridional d’Europe ». Là encore, géologiquement, ce n’est pas un vrai fjord, mais franchement, quand vous vous retrouvez face à ces montagnes abruptes qui plongent dans une eau d’un bleu profond, vous vous fichez pas mal des définitions scientifiques !
J’ai failli me perdre une fois dans les calanques, d’ailleurs. Le balisage laissait à désirer, et mon sens de l’orientation est… disons… inexistant. Après deux heures à tourner en rond sous un soleil de plomb, j’ai fini par suivre un groupe d’Allemands qui avaient l’air de savoir où ils allaient. Ils m’ont sauvé la mise ! C’est ça aussi, l’aventure dans ces « fjords » méditerranéens : on galère, on transpire, on peste contre les cailloux qui se glissent dans les chaussures… mais quand on arrive enfin au point de vue, tout est oublié.
Parfois, je me dis que ces paysages méditerranéens ont quelque chose d’inachevé comparés aux majestueux fjords nordiques. Ils sont moins imposants, moins dramatiques peut-être… Mais non, en fait, c’est absurde de comparer. Ce sont justement leur chaleur, leur accessibilité et cette lumière si particulière qui les rendent uniques. Les fjords norvégiens sont grandioses, mais pouvez-vous vous y baigner sans risquer l’hypothermie ? Pas vraiment.
La formation de ces paysages : entre mer et montagne
Ces formations sont le résultat d’une danse millénaire entre la roche, l’eau douce et la mer. Le calcaire, présent en abondance sur le pourtour méditerranéen, se laisse dissoudre par l’eau de pluie qui s’infiltre, créant des réseaux karstiques complexes. Puis la mer vient envahir ces vallées, sculptant davantage le paysage.
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Ce qui me fascine, c’est que ce processus continue sous nos yeux. Ces paysages ne sont pas figés – ils évoluent, lentement mais sûrement. Lors d’une randonnée près de Cassis, j’ai assisté à un petit éboulement. Rien de dangereux, juste quelques cailloux qui ont dévalé la falaise. Ça m’a rappelé que la nature travaille en permanence, que ces lieux que nous admirons sont en constante transformation.
Une biodiversité qui m’a laissé sans voix
Si les paysages sont à couper le souffle, c’est sous la surface de l’eau que la véritable magie opère. Je n’oublierai jamais ma première expérience de snorkeling dans une calanque isolée près de Marseille. L’eau était si claire que j’avais l’impression de voler au-dessus du fond marin.
Ce qui m’a d’abord frappé, ce sont les herbiers de posidonie. Avant, je pensais bêtement que c’étaient juste des algues un peu ennuyeuses. Quelle erreur ! La posidonie est une plante à fleurs marine – pas une algue – et ces prairies sous-marines sont de véritables forêts de vie. Elles produisent de l’oxygène, stabilisent les fonds marins et servent de nurserie à d’innombrables espèces.
Un jour, en nageant au-dessus d’un de ces herbiers, j’ai vu un banc de saupes argentées qui semblait danser dans un ballet parfaitement synchronisé. Ils viraient tous en même temps, comme un seul organisme, créant des éclats argentés dans le bleu profond. Je suis resté là, flottant, le souffle coupé (pas idéal quand on a un tuba, soit dit en passant).
J’ai aussi aperçu des mérous – ces gros poissons curieux qui vous fixent comme s’ils se demandaient ce que vous faites dans leur salon. Dans certaines zones protégées, ils sont devenus étonnamment confiants. Un guide local m’a raconté qu’ils reconnaissaient certains plongeurs réguliers. J’ai du mal à y croire, mais qui sait ?
En levant les yeux vers les falaises, j’ai souvent observé des oiseaux marins. Les cormorans huppés sont faciles à repérer avec leur silhouette caractéristique. Plus rares et plus difficiles à voir, les aigles de Bonelli nichent parfois dans ces parois abruptes. Je crois en avoir aperçu un lors d’une randonnée, mais honnêtement, ça aurait pu être n’importe quel rapace – je ne suis pas un ornithologue chevronné !
Je ne suis pas sûr si ces herbiers de posidonie sont vraiment aussi menacés que certains le disent. Les chiffres varient tellement selon les sources… Mais ce que j’ai vu de mes propres yeux, ce sont des zones où ils ont disparu, remplacés par du sable nu ou des algues invasives. Ça m’inquiète, parce que sans posidonie, c’est tout l’écosystème qui s’effondre.
Les menaces invisibles sur cette biodiversité
Le paradoxe de ces lieux, c’est que leur beauté attire les menaces. Le tourisme de masse est probablement le danger le plus visible. En haute saison, certaines calanques ressemblent plus à des piscines municipales qu’à des sanctuaires naturels. Les bateaux jettent l’ancre n’importe où, arrachant les herbiers de posidonie. Les crèmes solaires non biodégradables laissent un film huileux à la surface de l’eau.
La pollution est moins visible mais tout aussi dévastatrice. Les microplastiques sont partout – une étude que j’ai lue récemment indiquait qu’on en trouve jusque dans les tissus des poissons qui peuplent ces eaux.
Le changement climatique joue aussi son rôle. Les espèces invasives comme la caulerpe, cette « algue tueuse » originaire d’aquariums tropicaux, trouvent des conditions de plus en plus favorables et concurrencent la flore locale.
Tout n’est pas perdu, cependant. Lors d’une plongée guidée l’année dernière, j’ai vu des zones où la posidonie se régénère, protégée par des bouées d’amarrage qui empêchent les bateaux de jeter l’ancre. Des petites victoires qui me redonnent espoir.
Mes endroits préférés pour explorer ces merveilles
Si vous me demandiez de choisir, je serais bien embêté – chaque site a son caractère unique. Mais puisqu’il faut bien se décider, voici mes coups de cœur.
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Les calanques de Cassis, bien sûr. La calanque d’En-Vau reste ma préférée, malgré sa popularité. Pour y accéder, il faut soit marcher deux bonnes heures sur un sentier caillouteux, soit venir en bateau ou en kayak. J’ai tenté l’aventure en kayak une fois… Quelle idée ! Le mistral s’est levé pendant que je pagayais, et j’ai bien cru que j’allais finir à la dérive vers la Corse. Je me revois, les bras en feu, luttant contre les vagues, jurant que si je m’en sortais, je ne remettrais plus jamais les pieds dans un kayak. Promesse non tenue, évidemment.
Pour éviter les foules, j’ai découvert la calanque de Sormiou en hiver. Le contraste entre les falaises blanches, la mer d’un bleu profond et le vert des pins est encore plus saisissant quand le site est presque désert. Un matin de janvier, j’ai même eu la plage pour moi tout seul – un luxe inimaginable en été.
En Espagne, la Ría de Vigo m’a particulièrement marqué, surtout les îles Cíes qui la protègent de l’Atlantique. J’y suis allé un jour de crachin typiquement galicien, et malgré (ou peut-être grâce à) cette ambiance brumeuse, j’ai été transporté. Les plages désertes, le phare solitaire, les falaises battues par les vagues… C’était comme être au bout du monde.
Quant aux Bouches de Kotor, elles méritent largement leur surnom de « perle de l’Adriatique ». La route qui serpente le long de la baie offre des points de vue à vous couper le souffle à chaque virage. J’ai loué un scooter pour l’explorer et je me suis arrêté tellement souvent pour prendre des photos que j’ai mis une journée entière à faire le tour !
Ce qui me désole parfois, c’est de voir certains de ces lieux magnifiques transformés en attractions touristiques sans âme. L’été dernier, j’ai trouvé des mégots de cigarettes et des emballages de chips sur une petite plage isolée où j’avais nagé dans une eau vierge quelques années plus tôt. Ça m’a foutu le cafard pendant des heures.
Les défis de voyager dans ces coins sauvages
Ne vous y trompez pas : explorer ces « fjords » méditerranéens n’est pas toujours une partie de plaisir. La beauté se mérite, comme on dit.
D’abord, il y a la chaleur. En plein été, randonner dans les calanques peut devenir un véritable calvaire. Je me souviens d’une sortie en juillet où j’ai vidé ma gourde de 2 litres en moins d’une heure. La roche calcaire réfléchit la chaleur, transformant certains sentiers en fournaise. Est-ce que ça vaut vraiment le coup de suer sang et eau pendant trois heures pour arriver à un point de vue ? Sur le moment, j’en doutais sérieusement. Puis je suis arrivé au sommet, j’ai vu cette étendue bleue en contrebas, et… oui, ça valait le coup.
Ensuite, il y a l’accessibilité. Beaucoup de ces sites sont difficiles d’accès, ce qui est à la fois leur charme et leur protection. Une fois, j’avais prévu de prendre un bateau pour visiter une calanque isolée. J’ai raté l’embarcation de 5 minutes à cause d’un réveil défaillant (bon, d’accord, j’avais peut-être un peu trop profité de la vie nocturne locale la veille). Le prochain bateau ? Dans quatre heures. J’étais tellement frustré que j’ai failli abandonner, mais l’attente en a valu la peine.
Je ne suis pas vraiment ce qu’on pourrait appeler un athlète, et ces randonnées m’ont souvent poussé hors de ma zone de confort. La descente vers certaines criques isolées peut être particulièrement technique, avec des passages où il faut presque faire de l’escalade. La première fois, j’ai eu des sueurs froides. Maintenant, je prends ça comme un défi personnel – même si mes genoux protestent de plus en plus.
Et puis il y a les foules. Ironiquement, ces lieux sauvages sont victimes de leur succès. En haute saison, les sites les plus populaires comme la calanque de Sugiton près de Marseille peuvent accueillir des milliers de visiteurs par jour. L’ambiance « nature sauvage » en prend un coup quand vous devez jouer des coudes pour trouver un mètre carré où poser votre serviette.
Pourquoi on doit protéger ces fjords méditerranéens
Je ne vais pas vous faire un discours moralisateur, mais ces lieux sont vraiment en danger. À chaque visite, je remarque des changements subtils : moins de poissons, plus de déchets, des herbiers de posidonie qui rétrécissent…
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Ce qui me fait peur, c’est la vitesse à laquelle ces écosystèmes peuvent se dégrader. Un herbier de posidonie met des siècles à se former, mais peut être détruit en quelques années. Une espèce qui disparaît peut déséquilibrer toute la chaîne alimentaire.

Je me souviens d’une plage dans une petite calanque que j’adorais. Il y a cinq ans, c’était un petit paradis préservé. L’année dernière, j’y suis retourné et j’ai trouvé du plastique enfoui dans le sable, des mégots, même un vieux matelas pneumatique abandonné. J’ai eu envie de pleurer. Mais j’ai aussi croisé un groupe de lycéens locaux qui participaient à une opération de nettoyage. Ils étaient là, sacs poubelles en main, déterminés à sauver leur coin de paradis. Ça m’a redonné espoir.
Que pouvons-nous faire, à notre échelle ? Des gestes simples mais essentiels :
– Ramasser nos déchets, évidemment, mais aussi ceux que nous trouvons
– Utiliser des crèmes solaires biodégradables
– Respecter les sentiers balisés pour ne pas contribuer à l’érosion
– Si on navigue, ne jamais jeter l’ancre sur les herbiers de posidonie
– Soutenir les associations locales qui œuvrent pour la protection de ces sites
Je suis parfois pessimiste quand je vois l’état de certains sites autrefois préservés. Je me demande s’il sera encore possible, dans vingt ans, de nager dans une eau aussi claire, d’observer autant de poissons, de s’émerveiller devant ces paysages intacts. Mais paradoxalement, chaque visite me rappelle pourquoi il faut se battre pour ces lieux. Leur beauté est un argument plus puissant que tous les discours.
Plusieurs initiatives locales m’ont impressionné. Dans le Parc National des Calanques, des zones sont désormais interdites à la navigation pendant certaines périodes pour permettre aux herbiers de se régénérer. En Espagne, des programmes de surveillance des rias impliquent les pêcheurs locaux, qui connaissent ces eaux mieux que personne.
Un amour imparfait pour ces paysages uniques
Au terme de ce voyage à travers les fjords méditerranéens, je dois l’admettre : mon amour pour ces lieux est imparfait, comme eux. Ils ne sont pas toujours à la hauteur de l’image idéalisée qu’on s’en fait. Parfois trop fréquentés, parfois difficiles d’accès, souvent menacés…
Et pourtant, c’est peut-être justement cette imperfection qui les rend si attachants, si humains. Contrairement aux paysages immaculés et presque intimidants des fjords norvégiens, ces calanques, ces rias, ces baies encaissées racontent une histoire millénaire d’interaction entre l’homme et la nature.
La biodiversité qui peuple ces eaux m’a appris à regarder autrement. Avant, je voyais la mer comme une simple étendue bleue, belle mais uniforme. Maintenant, je sais qu’elle abrite un monde complexe, fragile, fascinant. Je ne nage plus de la même façon – je flotte, j’observe, je m’émerveille des détails.
Si vous avez l’occasion d’explorer ces fjords méditerranéens, allez-y. Mais prenez-en soin, comme d’un trésor fragile. Acceptez la sueur, les jambes lourdes après une randonnée, les foules parfois. La récompense en vaut la peine.
Moi, j’y retournerai, c’est sûr… même si je râle encore sur les sentiers caillouteux, même si je peste contre mon réveil quand il faut se lever à l’aube pour éviter la chaleur. Ces lieux font désormais partie de moi.
D’ailleurs, je ne suis toujours pas sûr de devoir les appeler « fjords ». Mais au fond, quelle importance ? Qu’on les nomme calanques, rias, ou simplement merveilles de la nature, ils ont conquis mon cœur. Et c’est tout ce qui compte.
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