Un voyage dans le temps : Le couronnement des rois de France
Il y a des moments dans la vie d’un voyageur où l’on se retrouve face à l’Histoire avec un grand H. Pas celle des manuels scolaires qui nous endormait en cours, mais celle qui vous prend aux tripes quand vous êtes au bon endroit. Je me souviens encore de ma première visite à Reims, il y a quelques années. J’étais venu pour le champagne (soyons honnêtes), mais je suis reparti obsédé par autre chose : les couronnements royaux.
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Je me tenais là, dans cette cathédrale majestueuse, écoutant d’une oreille distraite le guide, quand j’ai eu ce moment de connexion bizarre. J’imaginais des rois agenouillés au même endroit où je me tenais. Bon, je m’attendais presque à voir surgir un monarque avec sa couronne dorée, mais y’avait juste un pigeon perché sur une statue et des touristes qui prenaient des selfies. Pourtant, quelque chose m’a touché ce jour-là, et depuis, les couronnements des rois de France me fascinent.
Un rituel plus grand que nature : Qu’est-ce qu’un couronnement ?
Franchement, c’est fou de penser qu’un simple geste pouvait donner autant de pouvoir… ou du moins, faire croire à tout le monde que c’était le cas. Un couronnement, ce n’était pas juste poser une jolie couronne sur la tête d’un type et dire « Voilà, t’es roi maintenant, amuse-toi bien ». C’était un spectacle total, une mise en scène grandiose où la politique, la religion et le théâtre se mélangeaient pour créer quelque chose de presque magique.
Le couronnement transformait un homme ordinaire (bon, souvent déjà privilégié, ne nous mentons pas) en un être presque divin. C’était le moment où le pouvoir terrestre rencontrait le pouvoir céleste. Après la cérémonie, le roi n’était plus seulement un dirigeant politique, mais un élu de Dieu. Du moins, c’est ce que tout le monde était censé croire.
L’huile « magique » et autres mystères religieux
J’avoue que j’ai toujours eu du mal à saisir toutes les subtilités religieuses de l’époque. Prenez cette histoire de Sainte Ampoule, par exemple. Cette fiole d’huile sainte, supposément apportée par une colombe lors du baptême de Clovis, était utilisée pour l’onction des rois.
Je me suis retrouvé à fixer la reconstitution de cette ampoule (l’originale ayant été détruite pendant la Révolution) en me demandant : « Sérieusement, tout ce pouvoir venait d’un peu d’huile? » Mais en y réfléchissant, n’est-ce pas fascinant qu’un simple liquide puisse symboliser tant de choses? Cette huile, c’était comme un pont entre le ciel et la terre.
L’onction était probablement le moment le plus important du couronnement. Le roi, torse nu (oui, vraiment), recevait cette huile sur le front, la poitrine, entre les épaules, sur les coudes et les mains. Ça me fait toujours sourire d’imaginer ces nobles et ces évêques regardant avec révérence un type à moitié déshabillé se faire badigeonner d’huile. Mais pour eux, c’était le moment où un homme devenait plus qu’un homme.
Reims, le cœur battant des couronnements : Pourquoi là ?
La première fois que j’ai visité la cathédrale Notre-Dame de Reims, c’était un mardi pluvieux d’octobre. Il y avait moins de monde que d’habitude, et j’ai pu m’imprégner de l’atmosphère sans être bousculé. Je me rappelle avoir levé les yeux vers ces voûtes vertigineuses et avoir ressenti un mélange de vertige et d’émerveillement.

Reims n’est pas devenue la ville des sacres par hasard. Tout a commencé avec Clovis, premier roi des Francs à se convertir au christianisme, baptisé ici par l’évêque Saint Rémi vers 496. Cette conversion a marqué le début d’une tradition qui a duré plus de 1000 ans. Sur les 33 rois capétiens, 29 ont été couronnés à Reims. Pas mal comme statistique, non?
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La cathédrale actuelle n’est pas celle de Clovis, bien sûr. Celle que nous voyons aujourd’hui a été construite principalement au 13ème siècle, après qu’un incendie ait détruit la précédente. Et quelle construction! Avec ses 2300 statues et ses vitraux éblouissants, elle était conçue pour impressionner.
Je me souviens particulièrement des vitraux de Chagall, ajoutés bien plus tard, dans les années 1970. Ce mélange d’ancien et de moderne m’a d’abord semblé étrange, presque déplacé. Mais au fil du temps, j’ai compris que la cathédrale elle-même était un palimpseste, une superposition d’époques et d’histoires. Un peu comme la monarchie française, en fait.
Mais je dois avouer que mon expérience à Reims n’a pas toujours été à la hauteur de mes attentes. Lors d’une visite plus récente, en plein été, la cathédrale était envahie de touristes bruyants. On dit que c’est un lieu sacré, mais parfois, avec les selfies et les guides bruyants, j’ai du mal à ressentir ça. J’ai fini par m’échapper vers une petite chapelle latérale moins fréquentée, où j’ai pu m’asseoir seul pendant quelques minutes et essayer d’imaginer l’ambiance d’un couronnement.
D’ailleurs, en parlant de Reims, impossible de ne pas mentionner le champagne! Après une journée à explorer l’histoire royale, rien de tel qu’une dégustation dans l’une des maisons de champagne. Ironie du sort, ce breuvage royal est né d’un accident (la fermentation secondaire en bouteille) et était à l’origine considéré comme un défaut! Aujourd’hui, c’est le symbole même du luxe et de la célébration. Les rois auraient apprécié ce retournement de situation, j’en suis sûr.
Les couronnements qui ont marqué l’histoire (et ceux qu’on a oubliés)
Quand on parle des couronnements français, certains noms viennent immédiatement à l’esprit : Charlemagne, Philippe Auguste, Louis XIV… Mais pour chaque sacre resté dans les mémoires, combien ont été oubliés?
Je trouve ça presque triste que certains rois aient été couronnés dans l’indifférence, alors qu’on glorifie toujours les mêmes. Prenez Louis X, par exemple. Qui se souvient de son couronnement? Pourtant, il a régné (brièvement) sur la France. Ou Charles IV? Ces rois « oubliés » me fascinent parfois davantage que les stars de l’histoire.
Le couronnement de Louis XVI, en 1775, m’intrigue particulièrement. Imaginez ce jeune homme de 20 ans, plein d’espoir et d’idéaux, ne se doutant pas que sa tête finirait sur l’échafaud moins de deux décennies plus tard. Les récits parlent d’une cérémonie grandiose, coûtant la somme astronomique de 5 millions de livres. Cette extravagance, alors que le peuple souffrait, n’a-t-elle pas contribué à sa chute? Je me le demande souvent.
Et puis il y a les cas particuliers, comme Napoléon, qui a brisé la tradition en se couronnant lui-même – et à Paris, pas à Reims! Ou Henri IV, qui a dû attendre des années après son accession au trône pour être sacré, car Reims était aux mains de ses ennemis. L’histoire n’est jamais aussi simple qu’on voudrait nous le faire croire.
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Jeanne d’Arc, l’héroïne de Reims
J’ai toujours eu un faible pour l’histoire de Jeanne d’Arc. Cette jeune fille de 17 ans qui a conduit Charles VII à travers un pays déchiré par la guerre jusqu’à son couronnement à Reims en 1429. Quelle histoire!
Lors de ma deuxième visite à Reims, j’ai participé à une visite guidée spéciale « Sur les pas de Jeanne d’Arc ». Notre guide, une femme passionnée aux cheveux grisonnants, nous a raconté comment Jeanne avait assisté au sacre, debout près de l’autel avec son étendard. Elle nous a montré l’endroit exact où elle se serait tenue. J’ai ressenti un frisson en imaginant cette scène: le roi, les nobles, et cette simple paysanne qui avait accompli l’impossible.
Mais je me demande parfois si tout n’a pas été un peu romancé. Les historiens débattent encore de nombreux détails de la vie de Jeanne. Et c’est normal – les mythes et les légendes se construisent autour des grandes figures historiques. Je ne suis pas sûr qu’on saura jamais exactement ce qui s’est passé ce jour-là à Reims. Peut-être que c’est mieux ainsi? Le mystère fait partie du charme de l’histoire.
Ce qui est certain, c’est que le couronnement de Charles VII a marqué un tournant dans la Guerre de Cent Ans. Être sacré à Reims donnait une légitimité que rien d’autre ne pouvait égaler. Les Anglais l’avaient bien compris, eux qui avaient fait couronner le jeune Henri VI à Paris, mais jamais à Reims. Aux yeux de beaucoup, il n’était donc pas le « vrai » roi de France.
Et si on vivait un couronnement aujourd’hui ? Mes réflexions un peu folles
Je me suis amusé récemment à imaginer à quoi ressemblerait un couronnement royal français de nos jours. Sérieusement, vous imaginez? #SacreÀReims en trending topic sur Twitter, des influenceurs faisant des TikTok dans la cathédrale, et BFM TV qui interromprait la cérémonie pour une page de pub.
Le roi tweeterait probablement pendant sa propre cérémonie: « OMG l’huile sainte est SUPER froide! #ShockingMoment #RoiDeFrance ». Et puis il y aurait les inévitables controverses: la robe de la reine jugée trop chère par certains, trop simple par d’autres. Les républicains qui boycotteraient l’événement, les royalistes qui camperaient devant la cathédrale une semaine à l’avance.
Mais au-delà de ces plaisanteries, je me demande sincèrement si un tel événement pourrait encore avoir une signification spirituelle aujourd’hui. Dans notre monde sécularisé, l’aspect religieux du sacre aurait-il encore un sens? J’en doute. Et pourtant, nous restons fascinés par ces cérémonies d’un autre temps.
J’aimerais qu’on recrée un couronnement, juste pour voir, mais je sais que ça n’aurait pas la même âme qu’à l’époque. Ce serait au mieux un spectacle historique, au pire une mascarade touristique. L’époque où un roi pouvait être considéré comme l’élu de Dieu est révolue, du moins en France.
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Et puis, soyons honnêtes, notre rapport à l’autorité a bien changé. Nous ne sommes plus ces sujets qui regardaient leur souverain avec crainte et admiration. Nous sommes devenus des citoyens critiques, parfois cyniques. Un roi couronné aujourd’hui ferait face à des tweets moqueurs avant même que la couronne touche sa tête!

Les défis de plonger dans cette histoire : Ce que j’ai appris (et ce que je ne comprends toujours pas)
Après plusieurs voyages à Reims et d’innombrables heures de lecture sur le sujet, je dois admettre que certains aspects des couronnements royaux me laissent encore perplexe. Par exemple, je n’ai jamais vraiment compris pourquoi certaines parties de la cérémonie étaient publiques et d’autres strictement privées. Était-ce une question pratique ou y avait-il une signification plus profonde?
Et puis il y a cette fascination persistante pour les objets du sacre: la couronne, le sceptre, la main de justice… Ces objets avaient-ils vraiment un pouvoir aux yeux des gens de l’époque, ou n’étaient-ils que des symboles? Je penche pour la première option, mais c’est difficile à conceptualiser avec notre mentalité moderne.
Ce qui m’a le plus marqué dans cette exploration, c’est à quel point il est difficile d’imaginer vraiment ces événements. Les odeurs (pas toujours agréables, j’imagine, avec des centaines de personnes entassées dans une cathédrale sans déodorant), les bruits (les chants, les cris de joie, les murmures des prières), la tension palpable… Aucun livre, aucune visite guidée ne peut vraiment recréer cela.
J’encourage vivement ceux qui s’intéressent à ce sujet à visiter Reims. Mais je dois vous prévenir: allez-y avec des attentes réalistes. Parfois, on se sent plus proche de l’histoire en lisant un bon livre qu’en visitant un lieu envahi de boutiques de souvenirs. La cathédrale reste impressionnante, bien sûr, mais l’atmosphère des couronnements s’est évaporée depuis longtemps.
Ce qui me reste après toutes ces recherches, c’est un mélange d’émerveillement et de questionnement. Je suis émerveillé par la capacité des humains à créer des rituels aussi puissants, des cérémonies qui pouvaient transformer un homme en roi par la seule force du symbolisme. Mais je me questionne aussi sur notre besoin persistant de grandeur, de spectacle, de transcendance.
Les couronnements des rois de France appartiennent au passé. Le dernier, celui de Charles X en 1825, a marqué la fin d’une époque. Pourtant, quelque chose de cette tradition continue de nous parler, de nous fasciner. Peut-être parce que, malgré toute notre modernité, nous cherchons encore des moments où l’ordinaire devient extraordinaire, où le quotidien cède la place au sacré.
En quittant Reims la dernière fois, j’ai jeté un dernier regard à la cathédrale. Le soleil couchant illuminait les vitraux, créant un spectacle de lumière presque surnaturel. Pendant un instant, j’ai cru comprendre ce que les témoins des couronnements avaient pu ressentir: ce mélange de beauté, de mystère et de transcendance. Puis le moment est passé, j’ai repris ma voiture, et je suis retourné à notre monde moderne – sans rois, mais pas sans magie.
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