Un voyage dans le temps : Le schisme papal et les mystères de l’histoire médiévale
Je me souviens encore de cette prof d’histoire de Terminale qui nous avait parlé du Grand Schisme d’Occident avec une passion débordante. Elle avait cette façon de raconter l’histoire qui donnait l’impression d’y être. « Imaginez, deux papes qui se disputent le trône de Saint Pierre, s’excommunient mutuellement, et divisent l’Europe entière ! » Ses yeux brillaient quand elle racontait ces histoires d’intrigues, de pouvoir et de foi. C’était il y a… quoi, 15 ans ? Et pourtant, cette fascination pour cette période troublée ne m’a jamais vraiment quitté.
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J’ai toujours été attiré par l’histoire médiévale – bon, j’avoue, au début c’était surtout à cause des films de chevaliers et des batailles épiques. Le Nom de la Rose m’a particulièrement marqué, même si ça n’a pas grand-chose à voir avec le schisme papal. Mais il y a quelque chose dans cette période, ce mélange de foi absolue et de politique sordide, qui me fascine complètement.
Alors quand j’ai eu l’occasion de visiter Avignon l’année dernière, j’ai sauté sur l’occasion. Je m’attendais à quelque chose de grandiose, de majestueux, digne des récits que j’avais lus. Et franchement ? Ma première impression a été… mitigée. Je me suis dit « C’est ça, la ville qui a fait trembler Rome ? » Mais j’anticipe. Laissez-moi d’abord vous rafraîchir la mémoire sur ce fameux schisme, parce que je sais que tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir une prof d’histoire aussi passionnante que la mienne.
Le schisme papal, c’est quoi au juste ? Un petit rappel
Alors, pour faire simple (et je vous préviens, je vais peut-être mélanger quelques dates, j’ai toujours été nul avec les chiffres) : tout commence en 1378. Le pape Grégoire XI venait de ramener la papauté à Rome après ce qu’on appelle « la captivité d’Avignon » – une période où les papes, sous influence française, avaient établi leur résidence à Avignon plutôt qu’à Rome.
À sa mort, les cardinaux élisent l’archevêque de Bari, qui devient Urbain VI. Mais ce nouveau pape se révèle être un sacré caractériel (c’est un euphémisme). Il insulte les cardinaux, menace de les remplacer, bref, il fait tout pour se mettre tout le monde à dos. Du coup, quelques mois plus tard, les mêmes cardinaux qui l’avaient élu déclarent que l’élection n’était pas valide car ils avaient été intimidés par la foule romaine, et ils élisent un nouveau pape, Clément VII, qui retourne s’installer à Avignon.
Et voilà, deux papes pour le prix d’un ! Chacun prétendant être le vrai, chacun excommuniant l’autre et ses partisans. L’Europe se divise alors : la France, l’Écosse, la Castille et l’Aragon reconnaissent le pape d’Avignon, tandis que l’Angleterre, le Saint-Empire et une bonne partie de l’Italie restent fidèles à Rome.
Le plus dingue dans cette histoire, c’est que ça a duré 39 ans ! Presque quatre décennies où l’Église chrétienne a eu deux têtes. Imaginez un peu le bordel administratif, sans parler de la confusion spirituelle. « Euh, pardon monsieur le curé, mais je dois obéir à quel pape exactement pour aller au paradis ? »
Une anecdote que j’adore (et que ma prof nous racontait avec délectation) : lors d’une dispute publique entre partisans des deux camps, un cardinal avignonnais aurait dit à son homologue romain : « Votre pape n’est qu’un usurpateur italien mal dégrossi ! » Ce à quoi l’autre aurait répondu : « Et le vôtre n’est qu’une marionnette française qui vend des indulgences comme des petits pains ! » Bon, je ne garantis pas l’authenticité des propos, mais ça illustre bien l’ambiance…
Le schisme s’est finalement terminé en 1417 avec l’élection de Martin V au concile de Constance. Mais les cicatrices qu’il a laissées ont en partie préparé le terrain pour la Réforme protestante un siècle plus tard. Comme quoi, les querelles de pouvoir finissent toujours par avoir des conséquences bien au-delà de leur époque.
Ce qui me fascine dans cette histoire, c’est à quel point elle résonne encore aujourd’hui. On se déchire encore pour des questions de légitimité, de pouvoir, d’influence. Les noms et les enjeux changent, mais la nature humaine, elle, reste désespérément la même.
Avignon : La ville des papes, entre splendeur et déception
Quand je suis arrivé à Avignon par un matin de septembre, j’avais des attentes démesurées. Je m’imaginais une ville médiévale préservée, figée dans le temps, où je pourrais presque croiser des cardinaux en tenue d’époque au détour d’une ruelle.
La réalité ? Une ville touristique, certes charmante, mais envahie de boutiques de souvenirs vendant des magnets « Sur le pont d’Avignon » à des prix indécents. 12€ pour un magnet, sérieusement ? J’ai failli m’étrangler.

Le Palais des Papes lui-même est impressionnant, c’est indéniable. Cette forteresse massive domine la ville de toute sa hauteur, avec ses murs épais et ses tours imposantes. C’est le plus grand palais gothique d’Europe, paraît-il. Mais quand j’ai vu la file d’attente pour y entrer – mon Dieu, on aurait dit l’entrée d’un parc d’attractions un jour férié – j’ai presque fait demi-tour.
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J’ai finalement pris mon courage (et mon portefeuille) à deux mains et j’ai déboursé les 12€ d’entrée. L’intérieur est… comment dire… à la fois grandiose et décevant. Grandiose par ses proportions, ses plafonds vertigineux, l’épaisseur de ses murs qui racontent à eux seuls l’histoire des intrigues et des peurs de l’époque. Mais décevant parce que la plupart des salles sont vides, dépouillées de leur mobilier et de leur décoration d’origine.
Je me souviens particulièrement de la visite guidée à laquelle j’ai participé. Notre guide, une femme d’une cinquantaine d’années, était passionnée et connaissait son sujet sur le bout des doigts. Le problème ? Nous étions environ 30 personnes, et dans l’acoustique particulière du palais, impossible d’entendre la moitié de ce qu’elle disait. Je me suis retrouvé à suivre le groupe comme un mouton, hochant la tête poliment quand les autres riaient à une blague que je n’avais pas entendue.
À un moment, j’en ai eu marre et je me suis éclipsé discrètement du groupe. C’est là que j’ai vécu mon moment préféré de la visite. En errant seul dans un couloir peu fréquenté, je suis tombé sur une petite fenêtre qui donnait sur une cour intérieure. Le soleil créait des ombres géométriques sur les murs de pierre, et dans ce silence relatif, j’ai enfin ressenti ce que je cherchais : cette connexion avec le passé, cette impression de toucher l’histoire du bout des doigts. Pendant quelques minutes, j’ai imaginé un cardinal du XIVe siècle s’arrêtant exactement au même endroit, regardant la même cour, peut-être en réfléchissant à quelque intrigue politique ou en méditant sur son âme.
Le Pont d’Avignon, un symbole qui m’a surpris
Et puis il y a le fameux pont Saint-Bénézet, plus connu sous le nom de « Pont d’Avignon ». Celui de la chanson, vous savez, « Sur le pont d’Avignon, on y danse, on y danse… ». Eh bien, surprise : il est cassé ! Je veux dire, je le savais intellectuellement, mais le voir en vrai, ce pont qui s’arrête brusquement au milieu du Rhône, ça fait un drôle d’effet.
Je m’attendais à quelque chose de plus… romantique ? Au lieu de ça, j’ai trouvé un demi-pont touristique (encore 5€ l’entrée, ils ne se moquent pas du monde) où des hordes de visiteurs tentaient de prendre le selfie parfait en chantant la fameuse comptine.
Mais là encore, en m’éloignant un peu de la foule, en m’asseyant simplement au bord du fleuve pour contempler ce vestige, j’ai fini par l’apprécier. Ce pont inachevé raconte aussi l’histoire du schisme à sa façon : un projet ambitieux, interrompu par les aléas de l’histoire et de la nature, mais qui continue de fasciner des siècles plus tard.
Un truc marrant que j’ai appris : la chanson dit « sur le pont », mais historiquement, on dansait « sous le pont », dans une guinguette installée sur l’île en dessous. Comme quoi, même les comptines peuvent déformer l’histoire !
Rome : L’autre côté du schisme, un passé qui pèse lourd
Trois mois après Avignon, j’ai eu l’occasion de me rendre à Rome pour le travail. J’en ai profité pour explorer l’autre côté du schisme, la ville éternelle qui n’a jamais accepté de voir son pape s’installer ailleurs.
Rome et Avignon, c’est le jour et la nuit. Autant Avignon est une petite ville provençale, ramassée autour de son palais, autant Rome est une métropole tentaculaire où l’histoire vous saute au visage à chaque coin de rue. Le Vatican lui-même est un monde à part, un État dans l’État, avec sa propre atmosphère.
La Basilique Saint-Pierre m’a littéralement coupé le souffle. Je ne suis pas particulièrement croyant, mais il y a quelque chose dans cet espace qui vous écrase de sa grandeur sacrée. Comparé au Palais des Papes d’Avignon, qui reste malgré tout une forteresse militaire, Saint-Pierre est l’incarnation même du triomphe spirituel. C’est comme si Rome disait : « Voilà pourquoi nous sommes le vrai siège de la papauté. »
Pourtant, et c’est paradoxal, je me suis senti plus proche de l’histoire du schisme à Avignon qu’à Rome. Peut-être parce qu’à Rome, cette période n’est qu’un chapitre parmi des millénaires d’histoire, alors qu’à Avignon, c’est LE moment de gloire de la ville, celui qui l’a définie pour toujours.
Un moment particulier m’a marqué à Rome. Par pur hasard, je me suis retrouvé à assister à une messe à Saint-Pierre un dimanche matin. Je voulais juste visiter la basilique, mais je suis tombé en plein office. Au lieu de faire demi-tour, je suis resté, debout au fond, observant les fidèles et écoutant les chants grégoriens qui résonnaient sous la coupole. Et là, au milieu de cette cérémonie immuable, j’ai eu une pensée pour ces chrétiens du XIVe siècle, déchirés entre deux papes, deux autorités spirituelles. Comment vivaient-ils leur foi dans cette incertitude ? À qui confiaient-ils le salut de leur âme ?
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Je me suis surpris à être ému aux larmes par la beauté d’un détail architectural : un rayon de soleil qui traversait un vitrail et illuminait une statue de la Vierge, créant un halo presque surnaturel autour de son visage. Était-ce le même soleil qui éclairait les fidèles pendant le schisme ? Les mêmes prières qui montaient vers le ciel, malgré la division de l’Église ?
Les leçons du schisme : Réflexions sur la division et le pouvoir
En voyageant entre Avignon et Rome, en touchant du doigt ces lieux chargés d’histoire, j’ai beaucoup réfléchi à ce que le schisme nous apprend, à nous, humains du XXIe siècle.
La première leçon, et elle est dure, c’est que le pouvoir corrompt – même le pouvoir spirituel. Ces hommes qui prétendaient représenter Dieu sur terre étaient prêts à déchirer la chrétienté pour des questions d’ego et d’influence politique. Les papes de Rome et d’Avignon utilisaient la foi des fidèles comme une arme dans leur lutte pour la légitimité.
Je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec certains conflits actuels, où la religion sert encore de prétexte à des luttes de pouvoir. Je ne vais pas nommer de conflits spécifiques pour ne froisser personne, mais on sait tous de quoi je parle, non ?
La deuxième leçon, plus optimiste peut-être, c’est que même les crises les plus profondes finissent par se résoudre. Le schisme a duré 39 ans, presque deux générations, mais il s’est terminé. L’Église a survécu, transformée certes, mais elle a survécu.
Je me demande parfois si nos propres divisions – politiques, culturelles, sociales – qui nous semblent insurmontables aujourd’hui, ne seront pas un jour résolues, puis reléguées aux livres d’histoire comme le Grand Schisme.
Je ne suis pas sûr que cette comparaison tienne vraiment la route, mais c’est ce que ces voyages m’ont inspiré. Et puis, n’est-ce pas le propre des voyages que de nous faire réfléchir à notre propre époque à travers le prisme du passé ?
Tiens, ça me fait penser à ma fascination pour la période révolutionnaire française, qui n’a rien à voir avec le schisme papal, mais qui pose aussi ces questions de légitimité et de pouvoir. Comment passe-t-on d’un système de croyances à un autre ? Comment les sociétés survivent-elles aux ruptures profondes ? Mais je m’égare…
Mes conseils pour explorer cette histoire sur place
Si vous êtes tentés de suivre mes pas et d’explorer l’histoire du schisme papal par vous-même (ce que je vous recommande chaudement), voici quelques conseils basés sur ma propre expérience, avec ses hauts et ses bas.
Pour Avignon, prévoyez au moins deux jours complets. Le Palais des Papes mérite une visite approfondie, mais essayez d’y aller tôt le matin pour éviter les foules. Personnellement, j’ai fait l’erreur d’y aller en début d’après-midi, et j’ai regretté. Si vous pouvez, optez pour la visite avec tablette numérique qui permet de « voir » les salles meublées et décorées comme à l’époque des papes – ça aide vraiment à imaginer la vie quotidienne dans ce palais austère.
Ne négligez pas les petites églises d’Avignon, moins connues que le Palais mais qui regorgent de trésors liés à la période papale. L’église Saint-Didier, par exemple, abrite un Christ en croix sculpté qui aurait appartenu au pape Clément VII.
Pour le logement, j’ai fait l’erreur de prendre un hôtel près de la gare – pratique pour l’arrivée, mais loin de la vieille ville. Je vous conseille plutôt de chercher un petit hôtel ou une chambre d’hôtes dans l’enceinte des remparts, même si c’est un peu plus cher. J’ai repéré un endroit charmant près de la Place de l’Horloge que je viserai la prochaine fois.
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Côté restaurants, méfiez-vous des pièges à touristes sur la Place de l’Horloge. J’ai payé 25€ pour une salade niçoise médiocre et un service exécrable. Explorez plutôt les petites rues adjacentes. J’ai découvert par hasard un bistrot minuscule, « Chez Ginette » (je crois que c’était dans la rue du Vieux Sextier, mais mon GPS m’a tellement fait tourner en rond que je n’en suis plus très sûr), où j’ai mangé un daube provençal à tomber par terre pour moins de 15€.
Pour Rome, c’est une autre paire de manches. La ville est immense et regorge de sites historiques. Si vous vous intéressez spécifiquement au schisme, concentrez-vous sur le Vatican bien sûr, mais aussi sur la Basilique Saint-Jean-de-Latran, qui est la cathédrale officielle de l’évêque de Rome (c’est-à-dire le pape).
Un conseil que je n’ai pas suivi et que j’ai regretté : réservez vos billets pour les musées du Vatican bien à l’avance. J’ai perdu une demi-journée à faire la queue sous un soleil de plomb, alors qu’une réservation en ligne m’aurait épargné ce supplice.
Côté budget, préparez-vous à dépenser plus qu’à Avignon. Rome est une capitale, avec des prix de capitale. J’ai trouvé un petit hôtel correct près de la gare Termini pour environ 80€ la nuit, ce qui reste raisonnable pour Rome, mais le reste (nourriture, transports, entrées des sites) m’a semblé plus cher qu’en France.
Un dernier conseil, valable pour les deux villes : prenez le temps de vous perdre. Les meilleurs moments de mes voyages ont souvent été ceux où j’ai rangé mon plan et où j’ai erré au hasard des rues. C’est comme ça que j’ai découvert une petite place ombragée à Avignon où des vieux jouaient à la pétanque, comme si le temps s’était arrêté, ou une trattoria familiale à Rome où la mamma m’a servi les meilleures pâtes de ma vie tout en me racontant l’histoire de son quartier dans un mélange d’italien et de français approximatif.
Conclusion : Un passé qui résonne encore
Ces voyages sur les traces du Grand Schisme m’ont profondément marqué. Pas seulement pour les monuments impressionnants ou les œuvres d’art inestimables, mais pour cette plongée dans une époque où la foi structurait la vie et où une querelle théologique pouvait diviser des royaumes entiers.
En touchant ces pierres anciennes, en marchant dans ces lieux chargés d’histoire, j’ai ressenti cette connexion troublante avec ceux qui nous ont précédés. Leurs préoccupations, leurs peurs, leurs espoirs n’étaient pas si différents des nôtres, malgré les siècles qui nous séparent.
Je me sens un peu nostalgique en repensant à ces moments. À cette sensation grisante de toucher l’histoire du bout des doigts. À ce vertige temporel ressenti en contemplant le Rhône depuis le pont d’Avignon, en pensant à tous ceux qui l’ont traversé avant moi. Aux chants grégoriens résonnant sous la coupole de Saint-Pierre, inchangés depuis des siècles.
J’ai hâte d’y retourner, peut-être pour explorer d’autres aspects de cette période fascinante. Il y a encore tant à découvrir, tant à comprendre sur cette époque où la foi et le pouvoir s’entremêlaient si étroitement.
Et vous, qu’est-ce qui vous fascine dans l’histoire médiévale ? Quels lieux chargés d’histoire vous ont particulièrement touchés ? J’adorerais connaître vos propres expériences et réflexions sur ces voyages dans le temps que nous offre l’exploration du passé.
Car au fond, voyager dans l’espace, c’est aussi voyager dans le temps. Et parfois, comprendre le passé nous aide à mieux appréhender notre présent, avec ses propres schismes, ses propres défis, ses propres espoirs de réconciliation.
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